Fallait-il sauver Lehman Brothers ?

La crise financière de 2007 a débuté suite à l’éclatement d’une bulle sur le marché de l’immobilier « nourrit » grâce à l’accord de crédit subprimes à des ménages à faible revenu. Le 15 septembre 2008, la Réserve Fédérale ne joua pas son rôle de prêteur en dernier ressort (PDR) et la banque d’affaire américaine Lehman Brothers fit faillite. Néanmoins, le lendemain, la Fed intervint et sauva une compagnie d’assurance qui n’est autre que AIG (American International Group), ainsi que ses 120000 salariés. Les autorités américaines et le Trésor américain ont donc voulu faire de cette faillite un exemple en sanctionnant cette banque d’investissement qui a dû faire face aux conséquences de ses positions. Cette faillite aggrava la crise débutée en 2007. C’est pourquoi, de nombreux économistes se posent la question de savoir si oui ou non la Fed aurait dû sauver cette banque.

Suite à la crise sur le marché de l’immobilier américain en août 2007, Lehman Brothers essaie de solder, sans succès, ses positions sur les crédits immobiliers à risque. Les pertes sur ces positions conduisent la banque à vendre pour six milliards de dollars d’actifs. Sa capitalisation boursière chute alors de 73%. L’importance des pertes rend nécessaire la recherche d’un repreneur pour se refinancer, sans succès. Ainsi, le 15 septembre 2008, Lehman Brothers déclare la faillite.

John Thain (ancien patron de Merrill Lynch) affirme que la Fed aurait dû sauver cette Banque. En effet Lehman Brothers était too big to fail et aggrava une situation déjà très délicate en favorisant la contagion à l’ensemble du système bancaire. De plus, la faillite engendra un problème de confiance qui se généralisa très rapidement. Les marchés se méfièrent des banques et ces dernières arrêtèrent de se prêter entre-elles, du jour au lendemain. Ce problème est d’autant plus grave que pour que le système fonctionne correctement, il est nécessaire que les agents aient confiance en l’avenir et surtout les uns envers les autres.

L’État ne doit en aucun cas intervenir sur le marché: tout agent trop fragile et pas assez « bon » doit disparaitre pour ne laisser que les agents les plus performants ce qui permettra au marché de devenir plus efficient par la suite. Ainsi, la faillite de Lehman Brothers ne serait que la disparition d’un mauvais élément qui permettrait d’assainir le marché. Cependant, cette vision ne prend pas en compte les conséquences immédiates d’un tel laisser-faire et si la Fed avait suivi cette théorie en ne sauvant aucunes banques, la situation aurait été bien pire que celle actuelle.

Ben Bernanke (président de la Fed) décida de ne pas sauver Lehman Brothers au « nom de la morale » mais surtout pour lutter contre l’aléa moral. En effet, lorsque des agents économiques savent pertinemment qu’ils seront sauver dans tout les cas, ils prennent davantage de risques et augmentent ainsi la probabilité de survenance des crises financières. Le cas des filiales de la compagnie d’assurance AIG en septembre 2008 est typique car elle était un des grands acteurs du marché des CDS, des contrats d’offres sur les produits structurés issus d’opérations de titrisation (MBS, CDO). La faillite de Lehman devait donc servir d’exemple et montrer aux autres banques que la Fed ne serait pas toujours là pour rattraper leurs « folies ».

Les banquiers devaient donc être responsables de leurs actions en assumant les conséquences de leurs décisions. Selon l’économiste Olivier Pastré, cette faillite eut l’effet d’une bombe et « réveilla » les États sur les enjeux du système bancaire. Cela montra que le système n’était pas aussi solide qu’on le pensait et qu’il était nécessaire de prendre d’importantes mesures ce qui aboutit au premier sommet du G20 en novembre 2008 à Washington ainsi qu’aux propositions de Bâle III.

Enfin, certains économistes se demandent pourquoi la Fed sauva AIG de la faillite mais pas Lehman Brothers. Selon la Fed, la faillite de l’assureur aurait fragilisé davantage les marchés, impliquant des difficultés dans l’accord de crédits aux ménages entrainant ainsi une croissance encore plus faible.

Au total, selon la compagnie fédérale d’assurance des dépôts bancaires américaine (FDIC), le nombre de faillites bancaires s’éleva à 148 banques en 2009, et 157 en 2010. Les gouvernements doivent prendre conscience que la crise de 2007 a été une crise financière globale et qu’il faut des changements dans la réglementation. Un retour de l’autorité de l’État sur les marchés est nécessaire pour réduire les risques puisque les marchés des produits dérivés (type CDS) sont des marchés non règlementés, over the counter. Le prochain G20 sous la présidence française demande de réduire l’opacité des CDS en créant un marché organisé pour ce type de produits. Il propose ainsi de les faire migrer vers des chambres de compensation, clearing house, assurant un meilleur contrôle.

On peut donc en conclure que le sauvetage de la Lehman Brothers aurait certes coûté beaucoup moins cher que tous les plans de sauvetage qui ont suivi mais il n’aurait en aucun cas évité la crise qui était déjà enclenchée depuis un peu plus d’un an.

De Sousa Murielle
Dreyer Vanessa

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