Depuis le 10 mai 2010, la Banque Centrale Européenne (BCE) peut désormais intervenir sur le marché obligataire secondaire afin d’acheter des obligations d’État. Le but de cette opération est d’assurer la profondeur et la liquidité des segments du marché en dysfonctionnement et donc d’éviter que les taux d’intérêt des dettes des pays de la Zone Euro ne s’envolent, alourdissant davantage encore la charge de la dette.
Cette opération n’était plus possible par la BCE depuis le Traité de Maastricht de 1992, car le rachat de dette crée de la monnaie, et donc de l’inflation dans la zone monétaire. Hors l’une des missions principales de la BCE est la lutte contre l’inflation.
En cette période de crise, cette interdiction a été levée mais les interventions doivent être stérilisées, c’est-à-dire que la BCE doit détruire le montant de monnaie équivalant au montant créé. Cette stérilisation se fait sous la forme d’appel d’offre pour des dépôts à terme des banques auprès de la BCE d’une durée d’une semaine, avec un taux maximal de soumission de 1 %.
Principales opérations
La première opération de rachat d’obligations a eu lieu le 21 mai 2010. Le montant total des rachats s’élevait à 1.4 % du total des actifs de la BCE. Cette période correspond au moment du plan d’aide à la Grèce et les taux d’intérêt grecs à 10 ans sont passés de 12.65 % début mai à 6.7 %.
La deuxième grosse opération a eu lieu à partir du moi d’août 2011 jusqu’à la fin de cette année. Cela correspond au début des suspicions sur les dettes espagnoles et italiennes.
Ce soutien de la BCE aux pays de la Zone Euro permet de rassurer les marchés quant à la solvabilité des pays membres. Le détail des rachats d’obligations par la BCE n’est pas rendu publique, mais les plus conséquents ont été effectués pour la Grèce, l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal.
Depuis le début de l’année 2012, ces opérations de rachat ont cessé. Le montant total détenu par la BCE via le Securities Markets Programme (SMP) s’élève à 217 milliards d’euros, ce qui représente environ 10 % du total des actifs de la BCE. Pour que le ratio d’actifs achetés par rapport à la taille du bilan atteigne celui des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, il faudrait que le montant s’élève à 1500 milliards d’euros. Mais le risque de ces actifs ne sont pas les mêmes, les obligations de la Grèce ou de l’Espagne sont plus risquées que les obligations américaines ou anglaises.
Pour conclure, les rachats d’obligations par la BCE ont permis de rassurer les marchés financiers concernant les pays de la Zone Euro en difficultés. Le montant des rachats, bien que s’élevant à 217 milliards d’euros, reste faible en comparaison des dettes des pays en difficultés : 1200 milliards pour l’Italie et 900 milliards pour l’Espagne par exemple. L’opération est suspendue depuis le début de l’année 2012, mais pourrait être remise à l’ordre du jour par la BCE mi-2012.
Colin Rousselot
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