Rachat de Twitter :Elon Musk aurait-il (vraiment) libéré l’oiseau bleu ?

Après de longues rumeurs, des négociations, une tentative de rétractation, c’est dorénavant acté. Le 27 octobre 2022 marque le rachat officiel de Twitter par l’entrepreneur Elon Musk. Ce rachat ne serait pas qu’une question de business selon son propriétaire mais pourrait changer la donne dans le débat public à l’échelle mondiale comme nationale. En effet, ses motivations premières relèveraient de la « liberté d’expression » sur la plateforme. En somme un assouplissement des règles de modération mais toutefois des tweets régis par la loi du pays dans lequel ce dernier est émis. Revenons sur les points marquants de cette acquisition aux diverses péripéties et à la nouvelle trajectoire de ce réseau social envisagée par Musk.

Le petit oiseau aura mis du temps… à sortir

Après une longue période de négociations, presque 6 mois écoulés entre la décision de racheter Twitter en avril 2022 et l’officialisation du rachat du réseau social en octobre de cette même année, avec une envie bien tranchée d’en faire un espace libre, Elon Musk acquiert Twitter après versement d’une somme conséquente, soit plusieurs dizaines de milliards de dollars. Elon Musk s’était rétracté un mois plus tard en mai justifiant le fait que le nombre de bots et faux comptes étaient erronés et que le nombre réel d’utilisateurs actifs sur Twitter était faux, et de ce fait il se retirait en juillet. Une attitude qui entraîna des poursuites à son égard par la direction de Twitter pour forcer Musk à maintenir la négociation et à trouver un accord.

La liberté n’aurait pas de prix

44 milliards de dollars, c’est la somme que le patron de Tesla et Space X aurait mis sur la table pour « libéré l’oiseau ». C’est en tweetant, le 28 octobre 2022 « The Bird is freed » qu’Elon Musk annonçait publiquement le rachat du réseau social américain.

Elon Musk rachette Twitter

Tweet d’Elon Musk, 28 octobre 2022 © Twitter

Des mesures, en terme de management, ne se sont pas fait attendre avec le licenciement imminent de Parag Agrawal, ex-PDG de Twitter, dans le viseur d’Elon Musk depuis des mois, accompagné de ses directeurs financier et juridique. Ce 4 novembre près de la moitié des effectifs, soient 7 500 employés faisaient leurs cartons.

Quelles perspectives avec ce « nouveau » Twitter ?

Twitter reste une entreprise et comme tout chef, Elon Musk, vise à multiplier par 5 le chiffre d’affaire de la société à l’oiseau bleu, pour atteindre 26 milliards de dollars de recette d’ici 2028. Acquérir de nouveaux utilisateurs fait aussi partie des stratégies passant de 200 millions de comptes actifs à 930 millions dans les années à venir.

Bien que les chiffres ne sont que formalités, ce rachat est avant tout, un retour à « la liberté d’expression », selon Elon Musk. Revoir les règles de modération en interne et les assouplir tout en respectant la loi, ce qui n’est pas une mince affaire concernant le cadre légal très étendu aux Etats-Unis. Pour bien comprendre ces propos, début octobre, le rappeur Kanye West s’est fait censuré des paroles jugées antisémites par Twitter mais pas selon la législation américaine. De cette révision des règles, l’ex-président des Etats-Unis, Donald Trump, radié du réseau social depuis janvier 2021, après la prise d’assaut du Capitole à Washington D.C., et accusé d’incitation à la violence par ses tweets, pourrait revenir sur la plateforme.

Ce 18 novembre, un sondage organisait par Musk affirmait donc le retour de l’ex-président des Etats Unis sur la plateforme :

Sondages sur Elon Musk et Twitter

© Twitter

Toutefois, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions. Les différents événements politiques à venir aux Etats-Unis et dans le monde, thèmes privilégiés suscitant débats et passions sur Twitter en particulier, pourraient juger et analyser les retours en faveur de manipulations et de désinformations, et ainsi adopter de nouvelles règles internes. Notons que ces règles s’appliqueront selon les lois en vigueur de chaque pays où Twitter est disponible. En France par exemple, les conduites haineuses envers un tiers, envers des communautés ou autres institutions…, l’incitation à la violence ou au négationnisme sont formellement interdits.

L’ambition du nouveau propriétaire de retirer tous les faux comptes fait partie des grandes lignes de ce nouveau plan d’action. Une mission relativement « impossible » si l’on s’en tient à la volonté d’Elon Musk de ne pas être trop restrictif, ainsi, ne pas imposer une confirmation d’identité ou tous autres processus de validation à l’inscription.

Enfin, la vision de faire de Twitter, le WeChat occidental est lancé. WeChat l’application la plus utilisée en Chine permet de socialiser, de transférer de l’argent et de payer en ligne ou dans des points de ventes physiques. A ce propos Elon Musk expliquait le 5 octobre dernier qu’il souhaitait : « créer une application à tout faire ».

Travailler (très dur) avant tout !

Toutefois, s’il y a un domaine où la marge de progrès peut être faite, ce serait dans les ressources humaines selon la polémique articulée autour d’un formulaire envoyé par email au reste des salariés de Twitter. Dans cet email partagé sur Internet, nous pouvions lire un message direct et tranché. Le nouveau patron du réseau social demandait à ses employés de s’engager à « travailler dur » (en référence à l’email : « we will need to be extremely hardcore » durant de « longues heures à forte cadence » (dans l’email:« This will mean working long hours at high intensity »). Si les concernés ne répondaient pas par l’affirmative , ils seraient licenciés, dédommagés avec trois mois de salaires (« Anyone who has not done by 5PM ET tomorrow (Thursday) will receive three months of severances. »). Suite aux résultats, ce sont pas moins de 1200 salariés supplémentaires ont quitté leurs fonctions. Une politique « maison » qui laisse présager une première saison éprouvante pour l’oiseau bleu.

Source : Image mise en avant © Akshar Dave, Unsplash

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