Crise de la dette en Zone Euro: pourquoi ne pas commencer par construire une dette Européenne ?

D’abord la dette grecque, ensuite la dette irlandaise, en passant par la dette portugaise tout en surveillant de très près la dette française. Vous l’aurez compris, la dette européenne souffre, et ce n’est de toute évidence pas un épiphénomène.

Cette gangrène européenne s’explique de plusieurs façons:

– Premièrement, et tout le monde l’a déjà compris, les économies européennes subissent des attaques spéculatives (ou pas forcement « spéculatives ») sur les obligations véhiculant les dettes particulières de chaque état, et les plus exposé(e)s payent pour les autres, qui d’ailleurs par le biais de réallocations d’actifs peuvent en bénéficier. Si un investisseur sur la dette européenne doit sortir de sa position grecque, il va forcement réallouer tout ou partie de cet investissement dans une autre dette européenne: l’agrégation d’un tel comportement entraine inéluctablement le renforcement des autres dettes européennes, celles qui sont en meilleures santés… pour l’instant.

– Deuxièmement, et cela personne ne l’a encore compris, la perception d’une union européenne ne peut être complète qu’a partir du moment ou cette vision est accompagnée d’actes. Là, vous me direz, c’est une phrase à la Schuman pour pousser à l’action dans l’unité européenne. Pas tant que ca. En fait, bien que la monnaie unique soit une excellente protection contre les attaques spéculatives d’un état en particulier, ou encore que sa stabilité permette à certains états de s’endetter différemment et à moindre coup par rapport à l’évaluation réelle du risque (qui entrainerai automatiquement un rendement plus élevé de leur dette), elle n’est pas reliée à un rendement obligataire d’une obligation d’état. Certes, il y a plusieurs états en Zone Euro, mais chaque état émet, crée, vend et détruits sa dette sur le marché obligataire, chacun dans son coin d’ailleurs. Autrement dit, la monnaie européenne n’est pas liée à un rendement obligataire d’une obligation agrégeant la totalité de la Zone Euro (et non pas de l’Union Européenne).

Union Européenne ou Unité de l’Europe ?

Il faut savoir ce que l’on veut. Soit on crée une union européenne qui facilite les échanges, on détruit les barrières commerciales et on crée une monnaie unique, soit on ne fait pas tout ca et cela reste à l’état politique. Mais lorsque l’on commence quelque chose, il faut le terminer, surtout lorsqu’il s’agit d’un chantier d’une telle importance, influençant grandement le bien être de la population européenne. Cette responsabilité doit pousser certains dirigeants à construire une Europe de la dette, avec la destruction totale de la dette de chaque état (aucun « papier obligataire » d’un état ne subsisterai) et l’émission d’une seule dette pour toute la Zone Euro. A monnaie unique, dette unique !

Cela impliquerait une remise à plat de la politique budgétaire et de la politique d’endettement de chaque état, le tout supervisé par l’union européenne (ou plutôt une Union Europeenne limitée à la Zone Euro… la Banque Centrale Européenne par exemple ;-). Par la suite, de nouvelles obligations pourrons être émises par un état en particulier, tout comme un département où une collectivité locale peut emmettre des obligations, mais celles-ci seraient de toutes façon d’une ampleur non-comparables à la dette de la Zone Euro, et avec une échéance plus à court terme. Cette mesure peut être mise en place assez simplement car il suffirai à un temps « t » de confronter le poids de chaque pays de la zone euro dans celle ci par rapport au poids de la dette de chaque pays dans la Zone Euro.

En fonction de ce calcul, un certain montant d’obligations d’état (européennes) serait créé. Une telle opération aurait aussi pour but de restructurer l’ensemble des dettes de pays européens, de les étaler pour certains et de réduire leur impact à court-moyen terme sur l’économie d’un pays en particulier par exemple, ou au contraire de faire rembourser à d’autres pays, qui le souhaiteraient au temps « t », par anticipation la dette de leur état.

Pourquoi créer une dette européenne ?

Bien que je n’ai pas encore effectué le moindre calcul scientifique, ni évalué le rapport couts/bénéfices de chacune des situations (laisser tel quel ou créer une dette européenne), mon intuition, comme la votre (que vous soyez pro ou anti européen) est la bonne: si cela est bien fait, cela ne peut être que bénéfique à moyen terme pour toute la population de la Zone Euro.

Que cela soit envisagé sous une forme de protection de la dette ou d’une stabilisation à long terme de la dette de chaque pays, cela se répercutera sur le bien être des européens car non seulement leur état respectif (mais aussi et surtout la Zone Euro) serait plus difficilement sur le chemin de la faillite (car il s’agit la d’une forme de diversification de portefeuille, d’une mutualisation des risques…), mais en plus, une telle perspective de savoir que son pays ne peut plus être en faillite ne ferait que renforcer un peu plus la confiance des ménages et des investisseurs qui sauterons sur l’occasion pour profiter des joies de l’économie de marché, au grand dam de ses détracteurs.

Et qui dit investisseur dit renforcement de l’emploi mais qui parle d’emploi en Europe commence à parler d’harmonisation et concurrence fiscale européenne. Malgré l’inexistence d’une politique fiscale et budgétaire commune, régler le problème de la dette ne constituerait pas la fin de tous les problèmes. Mais il faut bien parer au plus urgent.

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