L’actualité l’exige. La crise des subprimes, démarrée depuis plus d’un an déjà (février 2007) prend une nouvelle dimension ces derniers temps (septembre/octobre 2008). La faillite de Lehman Brothers, la pseudo faillite de Merrill Lynch (rachetée par Bank of America à la rescousse), AIG nationalisée, Fortis qui boite rachetée par l’état néerlandais et BNP Paribas, WaMu (Washington Mutual, première caisse d’épargne outre atlantique) qui dépose le bilan… les dominos ne s’arrêtent pas en si bon chemin: Les dirigeants des quatre grandes économies européennes ont tenté de rétablir la confiance au cours d’un mini-sommet à Paris sur la crise financière, début Octobre 2008, alors que le gouvernement et le secteur bancaire sont tombés d’accord dimanche pour porter à 50 milliards d’euros une ligne de crédit afin d’éviter la faillite de la Hypo real Estate, quatrième banque d’Allemagne.
Les autorités des marchés britanniques et les responsables politiques discutent de l’avenir de la caisse de crédit Bradford & Bingley, fragilisée par la crise du crédit et de l’immobilier et susceptible de devenir le deuxième établissement bancaire nationalisé après Northern Rock.
En effet, depuis plus d’un an et la première faillite d’un banque depuis bien longtemps qu’étaient Northern Rock en Angleterre et Bear Stearns aux USA, la finance mondiale n’avait pas connue telle débâcle depuis 1929.
Mais entre temps, deux chercheurs ont modélisés de tels événements: Diamond et Dibvig (1983). Comme producteur de liquidités, les banques transforment les dépôts reçus des agents excédentaires de ressources en crédits, auprès des investisseurs qui en manifestent les besoins. Cette fonction ne peut connaître de succès que s’il y a adéquation entre les termes des dépôts et ceux des crédits. Si à un moment donné, les déposants ont des doutes sur la solvabilité des banques, ils font recours aux retraits massifs et créent une situation de panique bancaire. Diamond et Dybvig (1983) ont élaboré un modèle pour expliquer ce phénomène. Ils considèrent que les banques ont l’aptitude de protéger un ensemble d’agents contre le risque de dépréciation de leurs actifs financiers qui peuvent être convertis en fonction de leurs préférences de consommation. Ils envisagent une période de trois horizons (T= 0,1,2) . Ils admettent que le choix des investissements dépend d’un processus productif dont le
rendement R>1 en T = 2. Mais si le processus est interrompu en T = 1, on aura R = 1. L’interruption du processus est liée à l’existence de chocs de consommation dont sont victimes certains épargnants.
Diamond et Dibvig (1983) établissent à cet effet une relation symbolisant les contrats optimaux de répartition du risque : 1 < C1 < C2 < R. ; avec C1 et C2 qui représentent respectivement la consommation des déposants de type 1 et 2. Cela signifie que les premiers vont procéder au retrait de leur épargne à l’horizon 1 et les seconds à l’horizon 2 pour satisfaire leurs besoins de consommation. Si les termes de contrat sont bien respectés, la banque se trouvera en situation d’équilibre parfait. Mais, si à la suite d’une panique bancaire, les déposants de l’horizon 2 anticipent les retraits, le système bancaire se trouvera en situation de déséquilibre et de fragilité.
Le jeu de dominos ne s’arrête pas en si bon chemin: suite à cette crise issue en grande partie des difficultés croissantes des ménages américains sur-endetté à rembourser leurs lignes de crédits, l’économie réelle est lourdement affectée, via un perte de confiance généralisée ainsi qu’une réévaluation globale des risques de la part de la banque impliquant une restriction du crédit sans précédents.
Les entreprises et les ménages ne peuvent plus investir ou consommer comme avant et c’est toute l’économie qui s’enrhume. La crise est bien présente car les premiers signes macroéconomiques pointent le bout de leur nez: hausse du chômage, baisse de la production industrielle, hausse de l’endettement de l’état, et… re-perte de confiance… la crise s’auto-entretien miraculeusement, comme la bulle l’eut fait en son temps.
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