François Drouin Président d’Oséo, établissement public de financement des PME

Quels sont les moyens (nouveaux et anciens) mis à disposition d’Oséo pour venir en aide aux PME-PMI en mal de financement ou qui peinent à obtenir des crédits bancaires ? Comment comptez-vous utiliser ces nouveaux moyens ?

François Drouin: Aujourd’hui Oséo peut contribuer à hauteur de 5 milliards d’euros supplémentaires dans le financement des PME. Il s’agit de moyens nouveaux que l’Etat nous confie dans le cadre du plan de soutien au financement des PME. Les entreprises concernées sont celles qui rencontrent des difficultés de financement liées à la crise économique : problèmes de trésorerie, paiements tardifs, etc.
Oséo et les partenaires bancaires doivent les aider à surmonter ce moment difficile.

Quel regard portez-vous sur le resserrement des conditions d’octroi de crédits par les banques ?
Les banques vivent une crise financière grave. Cela a des incidences sur les conditions d’octroi de crédits. Après plusieurs années de crédit facile, les banquiers redeviennent plus vigilants. Mais ce n’est qu’un retour à la normale. Il faut savoir que toutes les banques continuent, malgré la crise, à financer les entreprises. Avec l’intervention d’Oséo, si cela est nécessaire.

Combien de PME-PMI à ce jour, vous ont déjà sollicité ? A-t-on évalué le nombre de PME-PMI en difficulté et donc susceptibles de faire appel à ce plan de soutien au financement des PME-PMI ?

En 3 semaines, environ 7500 entreprises nous ont contacté sur le numéro 0810 00 12 10 ou par mail, sur oseo.fr. Il convient de mettre en rapport ces 9 000 appels avec les 2 900 000 PME en France. Mais il peut y avoir davantage dans les mois qui viennent. Personne ne sait estimer aujourd’hui la gravité de la crise économique et les conséquences qu’elle peut avoir sur ce que l’on appelle « l’économie réelle ». On voit bien que le plan de soutien était mis en place plutôt pour prévenir que guérir. Oséo est là pour agir rapidement pour consolider la trésorerie des PME ou leur permettre de continuer à se développer et à investir. Il ne faut absolument pas se laisser abattre par la morosité.

Quid des entreprises qui ne pourront finalement pas accéder à votre aide ? A-t-on pu évaluer l’importance du taux de défaut éventuel pour l’année 2009 ? Plusieurs chiffres circulent. Quelle est votre appréciation ?
Oséo n’a pas vocation à intervenir auprès de toutes les entreprises. Il est normal que des entreprises nouvelles se créent et que d’autres disparaissent. En 2009 il y aura certainement plus de défaillances qu’en 2007. La raison est double : d’un côté la crise économique, bien sûr, mais il ne faut pas oublier que ces dernières années les créations d’entreprises ont atteint des niveaux records. Il y a une corrélation directe entre le niveau des créations et, quelques mois plus tard, le nombre de défaillances enregistrées. Mais nous devons absolument soutenir celles qui se trouvent fragilisées, menacées par la conjoncture actuelle. Ce sont les PME qui créent des emplois et la richesse de nos territoires.

Avez-vous estimé le montant global que coûtera ce plan ? Est il envisageable que si le cas échéant l’aide nécessaire dépasse les moyens mis à votre disposition, vous ayez une marge de manœuvre supplémentaire ? De quel type ?
C’est un plan robuste et puissant qui comporte plusieurs volets. Les moyens supplémentaires d’intervention d’Oséo s’ajoutent aux moyens donnés aux banques. Il faut reconnaître que 5 milliards d’euros supplémentaires pour Oséo, c’est une somme considérable ! Il faut les utiliser efficacement et faire jouer les complémentarités entre les banques et Oséo. Aujourd’hui nous avons tous les moyens, financiers mais aussi la force sur le terrain, pour réagir. Et on ajustera en fonction des besoins.

L’aide octroyée sera-t-elle assujettie à des engagements particuliers de la part des PME-PMI bénéficiaires ? Si oui, lesquels (garanties financières, obligations au niveau de la direction…) ?
Oséo ne change ni les modalités ni les conditions de son intervention. Par exemple, nos garanties, que les banques utilisent davantage actuellement, ont pour but de diminuer les garanties demandées à l’entrepreneur et d’amorcer le risque pour rendre possibles les financements les plus tendus ou les plus ambitieux.

Ce plan a-t-il également pour objectif de défendre les PME-PMI contre les investissements de fonds «vautours» ou de sociétés étrangères souhaitant obtenir des informations stratégiques, des brevets, le savoir-faire ou les moyens de production ?
Oui. Nicolas Sarkozy a annoncé la création du « fonds d’investissement stratégique » qui sera géré par la Caisse des Dépôts. C’est précisément son objectif.

Dans le cadre de la transmission des entreprises (reprise ou cession), quel peut-être le rôle d’Oséo ?
Oséo a soutenu plus de 34 000 transmissions depuis 20 ans. On intervient le plus souvent en garantie pour porter 50 % du risque du financement de la reprise. Nous intervenons aussi avec le Contrat de développement transmission. Il permet de consolider un plan de financement fragilisé par une insuffisance d’apports en fonds propres. Nous avons récemment porté le plafond du Contrat de développement transmission de 240 000 à 400 000 euros. Cela nous permettra d’intervenir, aux côtés des banques, sur des opérations de 2 millions d’euros.

Propos recueillis par I. Hazgui et N. Sandanassamy
Avec l’aimable autorisation de Easy Bourse

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