Enseignants-Chercheurs: l’Etat doit réformer.

Il faut trouver un moyen d’inciter les meilleurs chercheurs, français ou non, à s’établir en France tout en donnant l’opportunité aux nouveaux entrants de devenir de bons chercheurs de niveau international. Sauf que l’un ne va pas sans l’autre : sans l’apport des meilleurs chercheurs, les nouveaux entrants ne peuvent s’épanouir car le contact et la proximité jouent un rôle fondamental dans la recherche. Une publication dans une revue internationale nécessite des années de préparation, et de multiples rencontres, et si les meilleurs ne sont pas à proximité des nouveaux entrants ou des chercheurs moins productifs (mais pas forcement moins intelligents), soit l’une des deux parties se déplace (en général, départ pour les USA, l’Angleterre ou le Canada), soit la recherche tombe dans les oubliettes ou dans le meilleur des cas se fragmente en petites publications dans des revues insignifiantes.

En somme, il faut valoriser la recherche tant par une incitation salariale (est-ce normal qu’un chercheur français soit moins bien payé qu’un chercheur américain ou anglais alors que l’on souhaite être meilleur qu’eux ?) que par une incitation académique (titres, responsabilités académiques, encadrement de séminaires). Pour rivaliser avec les autres pays, il faut non seulement s’en inspirer mais surtout faire mieux qu’eux : il faut donc payer les chercheurs autant ou plus que ce qu’ils gagneraient à l’étranger et les faire monter de grade académique (et donc de salaire) uniquement en fonction de leurs contributions scientifiques (évaluation par des chercheurs du même domaine de recherche) et/ou de leur qualité d’enseignement (évaluation par les élèves).

Beaucoup de chercheurs dans des domaines plus scientifiques, sont d’anciens ingénieurs. Question : comment inciter nos têtes pensantes, nos « élites », à s’investir dans la recherche (3 années d’études supplémentaires, au minimum, et un salaire d’entrée mensuel de 1700 euros net à l’université) alors qu’à la sortie de leur école d’ingénieur, les meilleurs sont foncièrement incités à entrer dans le marché du travail (et commencent en moyenne à 2400 euros net par mois alors qu’ils peuvent être d’excellents chercheurs) ?

Il n’y a pas de crises de vocations, il y’a surtout un problème d’incitation. C’est d’ailleurs aussi valable en sens inverse : pourquoi les universités américaines sont-elle les meilleures ? Cf. ci avant concernant la rémunération des enseignants, mais pas seulement : le coût d’entrée à l’université américaine est dissuasif et permet, en plus de financer l’université, évidemment, de faire prendre conscience à l’étudiant qu’il DOIT réussir, sinon ce sont par exemple 30000 euros fichu à la poubelle. De plus, ce processus, en plus d’être rémunérateur, permet aussi et surtout d’être discriminant car les mauvais ne vont pas s’investir dans les études alors qu’actuellement, à l’université, tant en licence qu’en master, les mauvais sont nombreux… a cause de la quasi gratuité de l’université française.

Cela dit, des systèmes de bourse envers les élèves les plus modestes mais les plus prometteurs (et uniquement eux) serait mis en place en parallèle afin de donner sa chance aux plus démunis mais aux plus intelligents. Ce système permet aussi aux plus mauvais qui ont les moyens de payer leur scolarité de réfléchir à deux fois avant de s’investir tant scolairement que pécuniairement dans une scolarité universitaire où la présence devra, à terme, être rendue OBLIGATOIRE à tous les cours et TD.

En effet, quel intérêt à l’Etat ou le contribuable à financer des enseignants, bon ou mauvais, pour donner des cours à 60% des élèves : c’est tout de même 40% de pertes mutuelles car tant le contribuable (qui participe à une part du financement de l’Etat) et l’Etat (qui subventionne et reparti les aides publiques) sont perdant si des mesures ne sont pas prises. Enfin, il est clair que si l’étudiant paie plus cher sa scolarité, il viendra assister au cours…

Concernant la qualité des enseignants en tant qu’enseignant, en plus de les valoriser par la recherche, il faut valoriser les meilleurs enseignants pour leurs qualités pédagogiques car c’est aussi l’objectif d’une (bonne) université : l’enseignement des savoirs. Un mécanisme d’évaluation régulier par tous les étudiants (donc obligatoire) doit être mis en place.

Concernant les mécanismes de financement, le rôle de l’Etat doit certes continuer via un mécanisme de subventions régulières et constantes et par un mécanisme de prime à la recherche : les universités qui publient le plus (avec une pondération en fonction de la qualité des revues académiques) recevront des subventions-primes que d’autres qui ne publient pas ou peu ne recevront pas. Un part fixe (pour le service public) et une part variable (pour la recherche). Avec l’autonomie des universités, cela permettrait d’ailleurs d’allouer ces primes aux chercheurs qui publient beaucoup et/ou dans de grandes revues (ce qui incite les meilleurs chercheurs à venir en France) ou de réserver cet argent à l’investissement (recrutement de professeurs, achat de matériel spécifique etc…).

Toujours concernant les financements, le rôle du privée ne doit pas être négligé et doit être encouragé par l’Etat (défiscalisations spécifiques pour la recherche ?) et par les universités. L’indépendance de ces dernières lui laisse le choix des mécanismes, mais l’Etat doit évidemment inciter l’investissement (régulier) des entreprises dans l’université et les jeunes de demain.

Concernant la réforme, il ne faut surtout pas cantonner un enseignant chercheur vers l’un ou l’autre car il doit faire les deux : enseigner et chercher. Limiter ses heures de cours à un certain quota doit lui permettre de chercher, et avec ces mesures incitatives citées plus haut, ce sera le cas, contrairement à aujourd’hui.

En conclusion, un enseignant chercheur devra être jugé, comme son nom l’indique, tant par rapport à ses qualités d’enseignant que par rapport à ses résultats de recherche. L’université française doit être remodelée voir transformée en profondeur afin de rivaliser avec les universités du monde entier. La recherche, tant scientifique que littéraire ou philosophique est une spécificité française de longue date et se faire dépasser par d’autres pays ne doit pas être synonyme de fatalisme, mais d’action.

Par un chercheur…

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